Le blogue des Rivest en Grèce

Ce blogue est un recueil de textes rédigés par Youri, Geneviève et qui sait, peut-être par Jules, Zoé et Eva également. Vous y lirez nos impressions sur la situation actuelle en Grèce ainsi que sur les endroits que nous visitons. Parfois de courtes cartes postales, parfois des lettres plus longuement réfléchies, nous espérons que vous en apprécierez la lecture et que vous ne vous gênerez pas pour laisser vos commentaires.

mardi 7 juillet 2015

Nous sommes au lendemain du référendum. C'est pas mal "business as usual" sauf que les Grecs attendent impatiemment que les banques ouvrent après huit jours de fermeture.

Les Grecs ont voté "non" et la position du gouvernement grec face à l'Eurogroup est : dorénavant, vos offres ne sont pas acceptables pour le peuple. Retournez à la planche à dessin.  

La balle est dans le camp de l'Eurogroup et pour comprendre la suite des négociations, il faut écouter les déclarations des chefs d'états européens. Trois grandes forces sont en présence :

La première est la rigueur budgétaire germano-catholique. Pour les Allemands, la rigueur budgétaire n'est pas un moyen d'atteindre la croissance économique de façon durable, mais une fin en soi. Un exemple parmi d'autres : certaines installations portuaires allemandes sont en mauvais état. Lorsqu'elles sont défectueuses, c'est toute l'économie de la région qui en souffre puisque les bateaux ne peuvent livrer leur marchandise. L'Allemagne pourrait emprunter pour réparer ces infrastructures, et ainsi être plus productive et plus riche. D'autant plus que le coût d'emprunt pour l'Allemagne est nul en ce moment (0.25% environ) alors qu'il était même négatif il y a quelques mois. Le gouvernement allemand pouvait ainsi emprunter 1000€ et avait 980€ à rembourser dans 10 ans. Il reste que les allemands préfèrent tout de même fonctionner avec des infrastructures désuète qu'emprunter à coût nul.

La deuxième est la crainte de la montée des partis "radicaux" en Europe. On assiste à la montée de partis qui, comme SYRIZA, sont en rupture avec les institutions politiques de leur pays. PODAMOS en Espagne ou le Front National en France sont des exemples de partis qui étaient autrefois qualifiés d'extrémistes et qui maintenant aspirent au pouvoir. Ils font sauter l'échiquier gauche-droite. Les partis européens actuellement au pouvoir craignent que la perception d'une victoire de SYRIZA dans les négociations donne un élan à ces partis.

La troisième est le projet européen. Après des centaines d'années de conflits qui ont culminé avec deux guerres mondiales extrêmement sanglantes, les Européens ont eu le projet d'imiter les Américains et de prôner l'intégration au point où les conflits se règleraient via les institutions et que les guerres seraient impossibles. Tous les gestes posés depuis la deuxième guerre mondiale avaient pour but de resserrer la cohésion en Europe. Le retrait de la Grèce de la zone euro serait une première fissure dans cette muraille, et si cette fissure s'étend, difficile de prévoir ce qui adviendra.

Si les deux premiers éléments prévalent, la Grèce risque fort de sortir de la zone euro. Si c'est le dernier, un accord est possible.

Ce qui est inutile en ce moment c'est d'écouter les économistes. La débat n'est plus à ce niveau. Pour les économistes, les acteurs font des choix rationnels pour maximiser le rendement et réduire le risque.

Prenez par exemple la situation conjugale suivante :

Elle : Tu as encore laissé traîner tes bas

Lui : Tu est contrôlante comme ta mère

Elle :   Au moins, la mienne n'est pas alcoolique bipolaire

Lui : Elle a ses défauts mais elle travaille; elle est capable de faire quelque chose de ses dix doigts. 

Elle : Toi,  c'est ton onzième dont tu ne sais pas quoi faire

Lui : Ce n'est pas ce que ta meilleure amie me dit

Elle : ...

Un économiste analysera cette situation en se disant que déplacer la paire de bas de quelques mètres permettrait d'éviter d'avoir à payer des milliers de dollars en frais de divorce, comme si le problème était la paire de bas qui traîne. C'est de cette façon que les économistes semblent analyser la situation grecque en ce moment. 

Dans un autre ordre d'idées, on a appris aujourd'hui la démission du ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, qui retourne dans son rôle de "l'homme le plus intéressant du monde". Dans sa lettre, il explique que c'était une des conditions de l'Eurogroup pour la reprise des négociations. Peut-être laissait-il traîner trop souvent ses bas pendant les pourparlers....

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