Le blogue des Rivest en Grèce

Ce blogue est un recueil de textes rédigés par Youri, Geneviève et qui sait, peut-être par Jules, Zoé et Eva également. Vous y lirez nos impressions sur la situation actuelle en Grèce ainsi que sur les endroits que nous visitons. Parfois de courtes cartes postales, parfois des lettres plus longuement réfléchies, nous espérons que vous en apprécierez la lecture et que vous ne vous gênerez pas pour laisser vos commentaires.

dimanche 5 juillet 2015

Oxi ou Nai

Ce beau dimanche matin dans le sud du Péloponnèse, fait penser à un 30 octobre 1995 à Montréal. C'est jour de référendum et, selon les sondages, le résultat du scrutin est imprévisible.

Tout comme il y a 30 ans, la question est bizarre et fait référence à des négociations qui ont eu lieu précédemment. Les Grecs doivent prononcer si oui, ou non, ils sont en accord avec les mesures d'austérité proposées par l'Eurogroup. S'ils votent oui, le gouvernement n'aura plus la légitimité pour gouverner, devra démissionner et appeler des élections. S'ils votent non, le gouvernement dit qu'il sera en position de force pour renégocier avec l'Eurogroup. Bonne chance avec ça. Si l'Eurogroup n'octroie pas l'aide financière supplémentaire, les Grecs devront trouver les fonds eux-même pour, notamment, renflouer les banques. Deux choix s'offriront à eux : un "bail-in" comme Chypre, c'est-à-dire se servir à même les dépôts effectués dans les banques, ou bien, l'issue la plus probable, imprimer une monnaie locale, c'est-à-dire enlever les toiles d'araignée sur les planche à billets et recommencer à imprimer des drachmes. Cette éventualité signifierait un retrait de la zone euro.

Les Grecs souhaitent rester dans la zone euro sans les mesures d'austérité qui détruisent leur économie. C'est ce que SYRIZA leur avait promis en campagne électorale, sauf que ce n'est pas possible. Ce que le référendum amène de positif, c'est qu'il cadre le choix : l'euro avec les mesures d'austérité OU la fin des mesures d'austérité exigées par l'Europe et le retrait de la zone euro. 

Cette situation ressemble en quelques points à celle des Québécois en 1995, dont la moitié voulait l'indépendance tout en restant dans le giron canadien, ce qui n'est pas possible. On devient un pays indépendant, ou on demeure une province canadienne.

Depuis le début de cette courte campagne, nous n'avons vu aucune affiche pour le oui et plusieurs affiches du camp du non, qui semble être davantage mobilisé. Le gouvernement grec votera non alors que tout l'establishment international (politiciens, hommes d'affaires, commentateurs bien-pensant) enjoint les Grecs à voter Oui, et c'est justement ce qui fera pencher la balance pour... le Non. La question à laquelle les Grecs répondront est essentiellement la suivante : Voterez-vous "Non" comme de fiers Grecs ou vous mettrez-vous à plat ventre en votant "Oui" comme les étrangers le souhaitent? Le référendum est une question d'identité nationale.

   

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