Le blogue des Rivest en Grèce

Ce blogue est un recueil de textes rédigés par Youri, Geneviève et qui sait, peut-être par Jules, Zoé et Eva également. Vous y lirez nos impressions sur la situation actuelle en Grèce ainsi que sur les endroits que nous visitons. Parfois de courtes cartes postales, parfois des lettres plus longuement réfléchies, nous espérons que vous en apprécierez la lecture et que vous ne vous gênerez pas pour laisser vos commentaires.

vendredi 3 juillet 2015

Une anecdote qui vaut mille maux

"Vous avez pensé à tout avant le voyage : des passeports aux diachylons pour les bobos mortels en passant par les adaptateurs qui vous permettent de tout brancher dans les prises électriques grecques. Vous avez repassé "les" listes des milliers de fois pour ajouter quelques cossins et en retirer d'autres qui ajoutaient trop de poids aux bagages, et vous aviez aussi pensé à choisir des valises en fonctions des restrictions et selon le type de vol. Il y a toutefois une chose que vous n'aviez pas prévue, et c'est que l'un de vous tombe malade.

Être malade, c'est pour celui qui reste à la maison et qui regarde passer l'été en arrosant ses fleurs, ou pour celui qui est coincé à l'intérieur le nez dans le climatiseur, croyez-vous. Mais du haut de l'Olympe, les dieux ont tôt fait de vous ramener à la réalité.

Il se trouve donc que vous êtes malade, que rien dans votre trousse de voyageur ne peut y remédier, et que vous avez beau avoir votre certificat d'assurance médicale dans votre porte-feuille, ce n'est pas ce qui calmera la douleur chaque fois que vous essayer de déglutir.

Que faire alors. Vous attendez; vous prenez quelques comprimés d'ibuprophène et vous vous dites que l'eau de mer arrangera tout ça... sans parler de l'huile d'olive et du jus de citron, mais ça ne passe pas. Après cinq jours de calvaire, vous seriez prêt à vous faire vous-même une trachéotomie, mais vous osez faire le "0" et demandez au propriétaire de la pension s'il est possible de voir un médecin. "Pas de problème, dit-il, venez me voir lorsque vous monterez pour le petit-déjeuner et on appellera pour vous avoir un rendez-vous."

Les pires scénarios s'échaffaudent devant vous : les salles d'attente, les vacances qui prennent le bord, les enfants déçus, une facture que vous essaierez de noyer dans une bouteille de ouzo, mais il est clair qu'il vous faut des antibiotiques. Une heure et demie plus tard, Petros vous annonce qu'il vous a obtenu un rendez-vous le matin même dans un cabinet de médecin qui se trouve à 15 minutes de marches de la pension. Vous avez le temps de déjeuner et de vous brosser les dents.

Le quartier où se situe le bureau du médecin vous laisse dubitatif mais son cabinet vous rassure : c'est propre, l'aire d'attente est bien aménagée, les diplômes bien accrochés; ça sent le médecin. 15 minutes après votre arrivée, un patient sort du bureau et le médecin lui-même vous invite à l'y rejoindre. Sans perdre de temps, il vous demande de lui dresser votre bilan médical des 40 dernières années. Il vous interrompt parfois pour demander des précisions et poser des questions; il hoche la tête et prend des notes. On passe ensuite au but de votre visite et on passe en revue tous les symptômes. Au bout de 15 minutes, vous avez fait le tour du jardin.

Le médecin vous demande ensuite de passer dans la salle d'examen où il procède aux vérifications d'usage. Le verdict tombe sans grande surprise : c'est une bronchite. Il rédige un compte-rendu de la consultation pour votre assureur, et une ordonnance qui comprend antibiotiques, sirop expectorant et inhalateur. Vous tâchez de bien écouter ses consignes mais votre esprit est ailleurs... Peut-être qu'il aura pitié de nous et qu'il me laissera au moins un bras et la main, pour tenir celle de la petite sur le chemin du retour? J'aurais donc dû apporter un petit quelque chose, comme du sirop d'érable, pour l'amadouer, ça marche toujours...

Alors que le médecin s'apprête à vous faire le reçu -toujours pour l'assureur-, vous osez enfin lui demander la somme des honoraires. Imperturbable, il vous dit : quarante. Quarante!? Quarante Euros? Comme dans quarante piasses? C'est pour l'ouverture du dossier ou pour le stationnement? À moins que ce soit la taxe?

Vous sortez, l'ordonnance dans une main, et celle de la petite dans l'autre. À quelques pas de là, vous croisez une farmakeon où vous trouvez tout ce qu'on vous a prescrit. La pharmacienne passe un coup de fil pour une information sur la posologie et en 5 minutes, vous êtes prêt à vous lancer sur le chemin de la guérison. Il est midi lorsque vous rentrez à la pension. La Grèce est en pleine crise et en l'espace de deux heures et 40 Euros, vous avez eu un rendez-vous avec un médecin, une consultation et un diagnostic. Trouvez l'erreur...

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